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Le déclin de la Planète des Singes
Si La Planète des Singes a captivé notre imagination aussi longtemps, c’est parce qu’elle nous renvoie notre propre image sans aucun filtre, elle nous confronte aux travers de notre société. Les singes ne ségréguaient pas les autres singes en fonction de la notion de race. Les singes n’ont pas construit des armes nucléaires capables de détruire le monde sur la base de décisions d‘une poignée individus. Les films originaux La Planète des Singes ont été réalisés à la fin des années 60 et au début des années 70, au sortir d’une décennie tumultueuse. C’était une époque où les gens, à grande échelle, commençaient à vraiment prendre conscience des horreurs dont l’humanité était capable. Les visions idéalisées de la société des années 50 et du début des années 60 commençaient à s’effacer pour laisser apparaître les réalités persistantes et le mal sous-jacent. Ces films se caractérisaient par le cynisme porté à l’égard de l’espèce humaine et sa propension à s’autodétruire. Pensez à la fin iconique du film original, cette image provocante de la statue de la Liberté ensevelie, rongée par la rouille et en décomposition. Après tout, l’idée maîtresse du film était que la planète des singes n’était pas une autre planète, mais une terre dévastée par une guerre nucléaire menée par l’humanité.
Depuis les premiers pas de la franchise sur grand écran, les singes dans les films n’ont jamais été pensés comme une allégorie à quelque chose de bien précis. Il a toujours été question de ce concept fou : Que se passerait-il si en lieu et place de l’Homme les singes étaient l’espèce dominante sur Terre ? A vrai dire, rien de radicalement différent. La réponse n’est pas aussi excitante que je l’avais imaginé quand j’étais plus jeune et que je découvrais pour la première fois cette franchise. Cependant, le changement de perspective n’était pas du tout fortuit. Ce n’était qu’un prétexte pour faire une critique du rapport de notre société à certains concepts comme la guerre, la religion, la race. En somme, une déconstruction de l’arrogance humaine à travers le prisme d’une société simienne souffrant des mêmes tares que la nôtre pour nous rappeler que l’homme n’est pas meilleur que le singe, que l’humanité n’est pas supérieure à la nature. Singe ou humain, peu importe, nous sommes tous des animaux.
Après le succès retentissant des premiers films, la franchise est progressivement tombée dans l’oubli à partir de la fin des années 70. Il y a eu quelques tentatives de transposer le succès de la franchise sur petit écran mais elles se sont toutes révélées infructueuses. Il faudra attendre jusqu’en 2001 pour voir une nouvelle itération de la franchise sur grand écran, réalisé par Tim Burton. Ce remake, pourtant prometteur a rencontré le rejet quasi unanime des critiques et du grand public. Le film de Burton renonce à toutes les ambitions philosophiques du récit qui a inspiré les premiers films. Le film prend bien soin d’éviter le trouble en évacuant la dimension alarmiste du film originel, troquant ainsi questionnement de la condition humaine pour de l’action. Le but n’est pas de stimuler l’intellect du public, on veut avant tout lui en mettre plein les yeux. La recette du blockbuster Hollywoodien par excellence. Le spectaculaire prend ainsi le pas sur les dialogues. Le film fait tout de même l’effort d’offrir quelques pistes de réflexion sur l’humanité et ce qui la distingue de l’animal, mais de façon très superficielle.
La Planète des Singes millésime 2001 vient s’ajouter à la longue liste des remakes, reboots, prequels ratés synonyme du déclin progressif d’un Hollywood en panne dramatique d’inspiration, persuadé d’avoir affaire à un public amnésique. Après cette tentative ratée, il a fallu se rendre à l’évidence, la franchise était condamnée à rester une relique d’une époque révolue. Mais contre toute attente, un nouvel opus fut annoncé pour 2011.
La Planète des Singes : Les Origines réalisé par Rupert Wyatt a réussi là où son prédécesseur a échoué. Le film aura permis à la franchise de renouer avec le succès non seulement auprès des critiques et du public mais aussi au box-office. La Planète des Singes : Les Origines est le premier film d’une trilogie de films que j’apprécie particulièrement, des films qui bousculent le statu quo de ce que les superproductions Hollywoodiennes peuvent faire, dire et être. Des films qui abordent avec brio les thèmes de l’oppression, de l’identité et du conflit, qui s’interrogent sur le sens même que nous donnons à l’humanité. Pour comprendre ce qui rend ce film si spécial, il faut expliquer comment il a non seulement réussi à relancer une franchise vieille de plusieurs décennies, mais aussi à l’améliorer et à en élargir la portée.
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