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Interstellar : quand le cœur rencontre la raison
Interstellar, la grande épopée spatiale signée Christopher Nolan est un film que j’affectionne particulièrement. En plus d’être à ce jour mon film préféré, Interstellar a été le déclic, le point de départ de ma passion pour le Septième Art…
Depuis tout petit, j’étais animé d’une curiosité insatiable. Une curiosité qui m’a poussé à m’intéresser très jeune à des sujets complexes tels que la mécanique quantique et l’astronomie en parcourant les encyclopédies de ma tante. A peine j’entrais au collège que je m’étais déjà familiarisé avec les théories générale et restreinte de la relativité, le concept de pont d’Einstein-Rosen, le paradoxe de Fermi etc… J’étais tout autant fasciné par la possibilité de la vie ailleurs dans l’Univers que par le concept du voyage temporel. La science-fiction et moi, ça a donc été le coup de foudre direct. D’abord grâce à des films comme Rencontre du Troisième Type (1977), Contact (1997) ou La Machine à explorer le temps (2002) et plus tard à travers les livres. C’est donc sans surprise que mon attention s’est portée sur Interstellar de Christopher Nolan. Le film dépeint un monde en proie à des tempêtes de poussière où l’espèce humaine est au bord de l’extinction. Une équipe d’astronautes part en mission à la recherche d’une planète habitable où les habitants de la Terre pourraient se réinstaller. Au-delà de son scénario ambitieux, de la justesse avec laquelle le film aborde certains concepts scientifiques complexes, ce qui m’aura le plus marqué au cours de mes nombreux visionnages c’est la façon dont le film traite son thème central : l’Amour. Car oui, derrière ses allures de space opera classique Interstellar est en réalité un film sur la parentalité mais aussi sur l’amour dans sa dimension universelle.
Dès qu’on est parents, on devient le fantôme de l’avenir de ses enfants
Pour mener à bien sa mission, le personnage interprété par Matthew McConaughey, Cooper, doit abandonner ses enfants sur Terre. Mais si la Terre et les hommes sont condamnés, quel autre choix a-t-il ? Contrairement à ce qu’on pourrait croire il ne fait pas ce sacrifice parce que c’est un héros avec une destinée manifeste, non. Il est contraint d’abandonner sa famille parce que cette mission est pour lui le seul moyen de leur assurer un futur, même si cela signifie pour lui qu’il ne les verra pas grandir.
Il y a cette scène très touchante, dans laquelle Cooper s’absente pendant quelques heures et découvre à son retour qu’il a manqué des décennies de la vie de ses enfants, relativité générale et dilatation temporelle obligent. Ce sont 20 ans de vie condensés en quelques messages vidéo qui défilent sous ses yeux, 20 ans de joie et de souffrances qu’il n’aura pas partagés avec sa famille, qui sont irrémédiablement, définitivement perdus. Le monologue déchirant de sa fille Murph qui lui rappelle cette promesse qu’il lui avait faite au moment de son départ. Et enfin le gros plan sur Cooper qui fond en larmes…
De toutes les scènes émotionnelles du film, c’est probablement celle qui me touche le plus. Simple et intimiste, cette scène a un impact émotionnel intense et contraste avec la vastitude du reste du film. Elle illustre parfaitement toute la dimension sentimentale d’Interstellar.
De toutes les choses que nous percevons, seul l’amour transcende le temps et l’espace.
Écouter passionnément son cœur ou se fier prudemment à sa raison ? Voilà un dilemme auquel nous avons tous été confrontés. Interstellar est un film où l’amour sauve la mise. Amor Vincit Omnia comme disaient les Romains. Cela peut sembler paradoxal, car la science et les sentiments sont souvent considérés comme binaires.
A un moment donné dans le film, l’équipage doit décider quelle est la prochaine planète à visiter car il n’a plus assez carburant pour toutes les explorer. Le personnage d’Anne Hathaway, le Dr Amelia Brand suggère alors à équipage que le meilleur choix serait de se diriger sur la planète du Dr. Edmonds. Mais au moment de voter, Cooper informe le reste de l’équipage que Brandt est en réalité amoureuse de Edmonds, sous-entendant que son choix n’est motivé que par ses émotions. Le Dr. Brand retorque que “L’amour est la seule chose que nous sommes capables de percevoir et qui transcende les dimensions du temps et de l’espace, peut-être devrions-nous lui faire confiance même si nous ne pouvons pas encore le comprendre.” Pour elle, ce sentiment ne peut être cantonné à la simple “construction sociale” parce qu’on n’a pas inventé l’amour. « On aime les gens après leur mort. Quelle utilité sociale ? Aucune. Il y a peut-être là une signification qui nous échappe encore… », ajoute-elle.
De même, les choix opérés par Cooper, que le film nous présente comme des décisions rationnelles et logiques sont en réalité mus par son désir de revoir sa famille, cet espoir infime qu’il a de tenir la promesse faite à sa fille. En effet, la planète du Dr. Mann pour laquelle il a voté offrait le trajet le plus court, lui permettant ainsi de rentrer plus tôt auprès de sa famille. Et même à la fin du film, le lien qui unissait Cooper et sa fille est resté l’élément central lors des retrouvailles que beaucoup ont trouvé ambiguë. Bien que toute la descendance de Murphy soit présente au moment des retrouvailles, la caméra s’obstine à diriger toute notre attention sur Cooper et Murphy, le père et la fille enfin réunis…
L’amour est dans sa version universelle la force qui défie la science et relie l’Humanité toute entière.
Avant Interstellar, un film n’était pour moi rien de plus que du divertissement. Et un “bon” film se devait avant tout d’être stimulant intellectuellement. J’ai toujours pensé que la logique devait toujours primer sur les émotions. Mais après l’avoir vu, j’ai fini par me rendre compte que le cinéma était plus qu’un simple divertissement, c’est un art capable de véhiculer des émotions puissantes. Et cela n’aurai pas été possible sans la rigueur de Nolan qui a su combiner justesse scientifique et enjeux émotionnels.
À mes yeux, Interstellar n’est pas seulement un film de science-fiction. Derrière ce scénario ambitieux, ces notions complexes et ces grandes idées, le fondement même de son message n’est qu’émotion. Alors que les autres films sur l’espace se concentrent sur la peur de l’inconnu, Interstellar est unique dans son genre car il intègre sa vision positive et émotionnelle de l’humanité à un raisonnement scientifique. En mettant en avant cette “cinquième dimension” qu’est l’amour, le film nous rappelle que dans sa version universelle c’est la force qui défie la science et relie l’Humanité toute entière. C’est ce que l’humanité apporte à l’Univers. Interstellar suggère que pour sauvegarder l’avenir de l’humanité, la logique et l’émotion doivent travailler de concert…
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